Chlorothalonil dans l’eau potable - qu’en est-il?

Syngenta
de l'eau potable

 

Les médias publient régulièrement des articles sur les résidus de chlorothalonil dans l’eau potable suisse et les risques qu’ils représentent pour l’homme et l’environnement. Bien entendu, ces publications alarment et inquiètent la population suisse. Nous considérons que des décisions contradictoires et incompréhensibles ont été prises et que la communication et les publications qui en ont découlé ont inutilement mis en péril la confiance de la population en notre eau potable. En Suisse, nous souhaitons et devons pouvoir nous fier à des décisions compréhensibles et fondées sur la science de la part de nos autorités. C’est pourquoi nous avons décidé de nous défendre et avons déposé un recours contre ces décisions auprès du Tribunal administratif fédéral.

 

En bref

  • Le chlorothalonil est un fongicide éprouvé, autorisé en Suisse par les autorités et utilisé pendant des années par nos agriculteurs pour lutter contre les champignons.
  • Le 3 décembre 2019, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) conclut dans une évaluation des risques que les quatre produits de dégradation du chlorothalonil ne sont «pas pertinents» et qu’ils ne présentent donc pas de risque pour la santé de l’homme ni pour l’environnement. Le produit de dégradation R417888 notamment est dorénavant considéré comme non pertinent sur la base des études existantes.
  • Une semaine plus tard, le 10 décembre 2019, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) interdit l’utilisation du chlorothalonil. Dans son argumentation, l’OFAG indique qu’aucune autorisation ne peut être accordée si la concentration attendue de la substance active ou de ses produits de dégradation pertinents dans les nappes phréatiques ne satisfait pas aux exigences légales. Le produit de dégradation R417888, notamment, dépasse la valeur limite pour les substances de dégradation pertinentes à différents points de mesure. Et ce, bien que les experts de l’OFAG aient classé le produit de dégradation comme non pertinent une semaine auparavant seulement et que les valeurs maximales en vigueur à cet effet aient été largement respectées.
  • Après cette décision incompréhensible, les autorités ont alors soudainement argumenté que tous les produits de dégradation devaient être considérés comme pertinents – y compris les quatre produits de dégradation considérés comme non pertinents par l’OSAV pas plus tard que le 3 décembre 2019. Cette décision a été motivée par une référence à une recommandation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) datant de 2018 et concernant la classification du chlorothalonil.
  • L’argumentation de l’autorité conduit à diviser par 100 la valeur limite prescrite, sans raison compréhensible. Du jour au lendemain, les nappes phréatiques suisses sont considérées comme polluées.
  • Syngenta se défend contre ces décisions incompréhensibles et arbitraires en déposant des recours auprès du Tribunal administratif fédéral.

L’eau est vitale pour l’homme et pour l’agriculture. En Suisse, nous sommes fiers de la qualité élevée de notre eau et apprécions tout particulièrement de pouvoir consommer l’eau du robinet sans crainte. Nous n’avons pas besoin d’eau minérale non plus pour nous laver les dents. L’eau potable est de la plus haute qualité et doit le rester. En cas de doute sur la qualité de l’eau, les gros titres populistes ne tardent pas et la population s’indigne, à juste titre.

L’eau propre suisse contient par principe des traces de nombreuses substances. Des méthodes de mesure de plus en plus performantes permettent de détecter des concentrations infimes de médicaments, de cosmétiques, de détergents et d’autres produits chimiques. Toutefois, ce sont la quantité trouvée et son effet, et non la détection des substances en soi, qui sont déterminants pour la santé. Quoi qu’il en soit: lorsque les produits de dégradation des produits phytosanitaires dépassent systématiquement les valeurs limites, il s’agit d’un signal d’alarme et la population a le droit d’obtenir des réponses.

Les grillures, un champignon, font mourir les feuilles des plantes céréalières, entraînant des pertes de récolte. Les produits contenant du chlorothalonil aident nos agriculteurs à lutter contre les champignons et à préserver leurs récoltes.

 

De quoi s’agit-il?

Le chlorothalonil est un fongicide qui a fait ses preuves, il a été validé en Suisse par les autorités et utilisé pendant des années par nos agriculteurs pour lutter contre les champignons sur les céréales et de nombreuses autres cultures. Il est autorisé dans de nombreux pays.

Dans une évaluation des risques liés au chlorothalonil publiée le 3 décembre 2019, la Confédération arrive à la conclusion que huit produits de dégradation doivent être considérés comme «pertinents», mais quatre comme «non pertinents» et ne représentant donc aucun risque pour la santé de l’homme et l’environnement. Selon qu’un produit de dégradation d’une substance est «pertinent» ou «non pertinent», une concentration maximale autorisée différente s’applique pour les nappes phréatiques. Les produits de dégradation «pertinents» ne doivent bien entendu être présents qu’à des concentrations beaucoup plus faibles. En revanche, les substances qui ne présentent aucun risque pour l’homme et l’environnement peuvent être présentes en concentrations plus élevées.

Les valeurs mesurées entre 2017 et 2019 montrent que les seuils en vigueur à l’époque en Suisse étaient respectés pour les douze produits de dégradation du chlorothalonil. Le produit de dégradation R417888 a été mesuré à 23 endroits du Plateau, par exemple. La concentration maximale autorisée pour les substances «non pertinentes» n’a toutefois été dépassée nulle part.

Chlorothalonil

 

Au moment de la collecte des données (2017-2018), la valeur maximale en vigueur pour la concentration du produit de dégradation du chlorothalonil R417888 < 10 µg/l n’était pas dépassée. (illustration)

 

Quelques jours plus tard, le 10 décembre 2019, l’Office fédéral de l’agriculture décide d’interdire l’utilisation du chlorothalonil. Ensuite, la Confédération classe soudainement, et en l’absence de nouvelles connaissances, les produits de dégradation non pertinents comme «pertinents», modifiant de fait également la valeur limite des résidus dans les nappes phréatiques. Dans le cas présent, cela correspond à une division par 100 de la valeur limite du jour au lendemain – une différence notable. La nouvelle valeur limite inférieure ainsi fixée est de 0,1 microgramme par litre, soit la concentration obtenue en dissolvant un morceau de sucre dans 200 000 baignoires d’eau.

 

Avec cette réduction soudaine de la valeur limite, des eaux jusqu’alors considérées comme propres ont ainsi été réputées polluées du jour au lendemain. Les médias ont immédiatement repris et diffusé cette nouvelle. Il est donc compréhensible que la population suisse ait été alarmée et déstabilisée.

Chlorothalonil

 

Avec la nouvelle valeur limite soudainement fixée à 0,1 µg/l, les concentrations mesurées des produits de dégradation du chlorothalonil, qui étaient jusqu’alors considérées sans danger, se retrouvent du jour au lendemain beaucoup trop élevées. (Graphique: OFEV, 12 mai 2020)

 

Oui, puis non: la façon de procéder de la Confédération déroute

Nous ne comprenons pas la décision de la Confédération d’abaisser les valeurs limites. Il est judicieux d’abaisser les valeurs limites lorsqu’il est prouvé qu’un produit de dégradation dans la quantité trouvée est nocif pour l’homme ou l’environnement. Mais ce n’était pas le cas pour les produits de dégradation du chlorothalonil détectés.

Malgré tout, la Confédération a décidé de diviser par 100 les valeurs limites pour tous les produits de dégradation du chlorothalonil, en dépit du bon sens.

Les fabricants de produits phytosanitaires doivent fournir, lors de l’autorisation, des données sur tous les produits de dégradation et leur activité biologique, leur toxicologie et leur comportement dans l’environnement. Ce qui a été fait également dans le cas du chlorothalonil. Cependant, les produits de dégradation ont été considérés comme «pertinents» pour des «raisons de procédure», sans que de nouvelles connaissances ne soient disponibles. Aucune nouvelle étude n’a été mandatée et aucun dialogue n’a été recherché avant cette décision. Les agriculteurs ne peuvent pas non plus être tenus responsables du dépassement des valeurs limites dans les nappes phréatiques constaté par la Confédération. La substance active était autorisée et n’a jamais dépassé les valeurs limites avant leur réduction.

Depuis la décision contradictoire prise par la Confédération et la communication alarmiste des autorités fédérales, la population suisse doute de la sécurité de l’eau potable. Syngenta considérant comme erronée l’approche contradictoire des autorités, nous avons déposé un recours auprès du Tribunal administratif fédéral. Le tribunal n’a pas encore rendu sa décision finale.

Syngenta est ouverte au dialogue avec toutes les autorités. Nous poursuivrons nos recherches et continuerons d’examiner soigneusement tous nos produits dans le cadre des procédures d’autorisation, afin d’en évaluer les éventuelles répercussions négatives sur l’homme et l’environnement, et nous collaborerons avec les autorités en toute transparence.

 

Comment veillons-nous à ce que nos produits soient sûrs?

Les produits phytosanitaires font partie des produits les plus étudiés et les plus réglementés au monde. À l’instar des nouveaux médicaments, ils doivent être évalués dans le cadre d’études approfondies avant de pouvoir obtenir une autorisation de mise sur le marché de la part des autorités. Environ dix ans s’écoulent avant qu’un nouveau produit phytosanitaire soit mis sur le marché. Syngenta investit en moyenne quelque 250 millions de francs dans le développement d’un produit phytosanitaire. Plus de 1000 études sont menées jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché afin de s’assurer que les produits phytosanitaires sont sans danger pour les consommateurs, les travailleurs et l’environnement. Une équipe mondiale de chimistes, biologistes, agronomes, toxicologues, spécialistes de l’environnement, vétérinaires et ingénieurs travaillent en étroite collaboration chez Syngenta pour garantir la sécurité de nos produits.

Green Sofa

Luciana Rado Schumann, notre responsable de la réglementation des produits, s’entretient avec Christa Rigozzi sur le Green Sofa.

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