Beat Bösiger, producteur de légumes : «Le consommateur décide de ce que nous produisons»

Syngenta News
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Avec une consommation par habitant de plus de 10 kg par an, les tomates ne sont pas seulement le légume préféré des Suisses. On les retrouve aussi en décor spectaculaire dans le cadre de la série d’entretiens «Green Sofa» de Syngenta. Dans son univers de tomates rougeoyantes, Beat Bösiger, propriétaire et directeur de Bösiger Gemüsekulturen AG, accueille l’animatrice Christa Rigozzi. Il lui parlera des bourdons dans les serres, de l’équilibre entre la protection biologique et synthétique des plantes et de l’influence des consommateurs sur son travail.  

 

Assis sur le canapé vert, le producteur de légumes Beat Bösiger reçoit l’animatrice Christa Riggozi dans son «univers de tomates», pour reprendre l’expression de Christa: une serre située dans la commune de Niederbipp, dans le canton de Berne. Les tomates cerises sont en pleine floraison, ce qui réjouit l’agriculteur. Non seulement parce que la tomate est son légume préféré, mais aussi parce que l’événement symbolise la profonde transformation de l’agriculture au cours des trois dernières décennies. Sur le canapé vert, Beat Bösiger raconte comment l’exploitation agricole familiale, qui pratiquait l’élevage et s’érigeait au milieu du village, s’est transformée au fil des ans en une exploitation maraîchère, y compris sous abris, qui emploie aujourd’hui plus de cent personnes. Comment son grand-père labourait la terre avec un cheval, terre que sillonnent aujourd’hui des tracteurs modernes équipés de GPS. Et comment son fils, qui représente la génération suivante, a monté une production bio à côté de la production agricole traditionnelle. 

 

Équilibre biologique  

Dans ce beau monde de légumes, il faut aussi relever des défis. Si les variétés cultivées en serre résistent mieux aux aléas de la météo et aux maladies, on ne peut pas en dire autant de la trentaine de variétés de légumes et de salades cultivées en plein champ. «En été, selon la température et l’humidité, il faut protéger les cultures contre les maladies fongiques et les parasites», explique Beat Bösiger: «Plus le climat est tropical, plus les cultures sont sous pression.» La culture de variétés résistantes, les mesures culturales et l’optimisation des distances de plantation figurent dans l’arsenal des mesures préventives à disposition.  

 

                          

 

Dans la culture maraîchère conventionnelle PI (production intégrée), on utilise aussi, en dernier recours, des produits phytosanitaires de synthèse, lorsqu’il s’agit de «sauver une culture pour assurer la commercialisation des produits», souligne Beat Bösiger. À la question de savoir si la culture maraîchère biologique se passe des produits phytosanitaires, et donc si elle est une nature pure, le maraîcher rétorque: «Ce n’est pas tout à fait ça. On utilise aussi des biopesticides, dûment autorisés, dont certains sont d’origine synthétique.» De plus, les producteurs utilisent aussi des insectes utiles. Par exemple dans les cultures sous serre de tomates, où les récoltes sont quotidiennes. Aucune protection synthétique des cultures n’est possible. Dans des espaces clos comme les serres, on lâche des bourdons pour polliniser les fleurs de tomates et leurs ennemis naturels pour lutter contre les insectes nuisibles. «Cela crée un équilibre biologique qui nous permet de garder les parasites sous contrôles», se félicite Beat Bösiger 

 

«Une vie sans les légumes? Ce serait malsain, fade, inconcevable.»  

Beat Bösiger, producteur de légumes. 

 

Les produits phytosanitaires en dernier recours et le rôle des consommateurs

Avant toute application de produits phytosanitaires, l’agriculteur analyse les populations de ravageurs et les maladies fongiques. Il effectue en particulier des inspections quotidiennes des cultures et contrôle les plantes. Ce n’est que lorsqu’un seuil de dommages est dépassé, qui risque d’entraîner une baisse importante de la qualité ou des dommages économiques, que l’agriculteur utilise des produits phytosanitaires. Christa Rigozzi demande s’il pourrait imaginer ne produire que du bio. Beat Bösiger répond sans hésiter: il pourrait l’imaginer, «mais en fin de compte, c’est au consommateur de décider». En Suisse, la part du bio dans la production maraîchère est de 12%. «Ce qui est très faible», observe-t-il, et c’est là tout le paradoxe. Quand vous demandez autour de vous, tout le monde ne veut que du bio. Mais au magasin, la plupart des gens optent pour les produits plus avantageux issus de l’agriculture conventionnelle. «Si le consommateur est prêt à acheter des produits bio et à en payer le prix correspondant, alors nous ne produirons que du biologique», assure Beat Bösiger. La part du bio en Suisse est certes en hausse, et les consommateurs en Suisse ont la réputation d’être sensibles au bio. Malgré tout, il existe un immense potentiel inexploité dans le bio. «Nous serions prêts à produire tout de suite plus de bio si la demande augmentait», déclare Beat Bösiger: «Mais nous ne pouvons pas produire des légumes que personne n’achète.» 

 

Cette conversation a été enregistrée en mai 2021.  

 


A propos de «Green Sofa»  

Le canapé vert est la pièce maîtresse de notre série de discussions en plusieurs parties sur des sujets liés à notre alimentation et à nos boissons, à l'agriculture moderne et au rôle de la protection phytosanitaire dans notre vie quotidienne. Aux côtés de l'animatrice Christa Rigozzi, des invités très différents, issus de diverses régions de Suisse, prennent place sur le canapé et ont un point commun : ils sont experts dans leur domaine et ont à cœur la qualité de notre alimentation et la protection de nos plantes. 

Les épisodes sont complétés par des séquences qui donnent un aperçu de l'environnement de travail de nos invités, du vignoble au laboratoire de recherche. Le Green Sofa devient ainsi un élément fédérateur qui remet en question des connexions que nous prenons trop souvent pour acquises. 

Mais le Green Sofa n'est pas seulement présent lors des entretiens sur place, il fait également partie de tout un groupe de sièges qui invitent à des discussions en direct dans un cercle plus large. Dans notre format « Green Sofa Live », le modérateur Reto Brennwald offre à des invités sélectionnés du monde scientifique, économique et social, ainsi qu'au public intéressé, une plateforme pour discuter de sujets tels que la numérisation dans l'agriculture, les défis dans la protection des plantes ou la perception publique des entreprises mondiales en Suisse.

 

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